Dire non à la misère

Dans un contexte de crise sociale et de précarité, les organisateurs de la Journée mondiale du refus de la misère, aujourd'hui, veulent mettre l'accent sur « la jeunesse sacrifiée » et la fragilité des personnes âgées.

« Précarité, jeunesse sacrifiée », tel est le slogan retenu pour cette journée. ATD Quart Monde demande à cette occasion qu'« une délégation de jeunes soit reçue par le Premier ministre pour lui remettre un mémoire pour une politique de la jeunesse ». Au Trocadéro à Paris, un rassemblement est prévu avec la présence prévue du ministre des Solidarités actives Marc-Philippe Daubresse (*).

Selon un sondage publié jeudi, 18% des Français s'estiment pauvres et pour les autres, plus d'un tiers (37%) craint de le devenir. Les jeunes sont visés mais associations et travailleurs sociaux s'inquiètent aussi de voir que les personnes âgées viennent désormais leur demander de l'aide, des populations qu'ils voyaient peu auparavant.

Autre motif d’inquiétude : l'accès aux soins. Trente-six pour cent des Français ont renoncé à des soins ou décidé de les reporter au cours des dernières années, en raison de leur coût, dont la moitié des 25-34 ans, selon un sondage Viavoice publié en début de semaine.

Voici le portrait de cette France qui souffre :

LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE

- En 2008, 7,8 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en France (revenu mensuel inférieur à 60% du revenu médian, à savoir 950 euros en 2008, selon l'Insee), contre un peu plus de 8 millions en 2007, c'est à dire 13% de la population, contre 13,4% en 2007. Il s'agit des dernières données de l'Insee, qui recalcule chaque année le seuil de pauvreté en fonction de l'évolution du revenu médian.

- Moins de 18 ans : Avec 17,3% de moins de 18 ans vivant sous le seuil de pauvreté en 2008 (taux Insee), les enfants et adolescents sont particulièrement visés.

- Les 18-24 ans sont les plus touchés, avec un taux de pauvreté de 21,8% chez les femmes et de 18,4% chez les hommes. Et près du quart des actifs de moins de 25 ans est au chômage.

- Le taux de pauvreté baisse en général à partir de 55 ans (quand les enfants quittent le domicile) avant de remonter. 15,1% des femmes de plus de 75 ans vivent sous le seuil de pauvreté, contre 8,8% des hommes de cette tranche d'âge.

LE LOGEMENT

- En 2009, la Fondation Abbé Pierre évaluait à près de 3,5 millions le nombre de personnes connaissant « une problématique forte de mal-logement ». Elle évoque aussi au moins 100 000 sans domicile fixe (SDF).

LES PRESTATIONS SOCIALES

 - RSA : Au 31 juillet 2010, le revenu de solidarité active (RSA) était versé à 1,79 million de foyers dont 1,15 million touchant le RSA « socle » et 642 000 le RSA « activité ». Le RSA permet de cumuler allocation et petit revenu (RSA « complément d'activité ») et pour les personnes sans travail, il vient seulement remplacer le RMI, à montant égal (RSA « socle »).

- Minima sociaux : Fin 2008, 3,3 millions de personnes étaient allocataires de l'un des dix minima sociaux (dernier chiffre disponible).

LES SOINS

- Selon le Crédoc, 13% des Français doivent se restreindre en matière de soins médicaux en raison de leur coût, contre seulement 3% il y a trente ans.

- Selon Médecins du Monde, l'accès aux soins pour les plus pauvres s'est « brutalement dégradé » en 2009/2010, en particulier pour les étrangers, qui représentent 90% des patients accueillis dans les 21 centres français de Médecins du monde.

Le nombre des patients soignés par l'ONG n'a cessé d'augmenter : +12% en 2009, à 19 481, après +8% en 2008, détaille MDM dans son rapport annuel sur « l'accès aux soins des plus démunis ».

(*) A Bruxelles, des centaines de délégués des quartiers les plus pauvres d'Europe doivent se réunir pour lancer un appel, en présence des représentants des institutions européennes.